Le président allemand affirme que l'islam fait désormais partie de l'Allemagne


Trèves, Allemagne, le 5 octobre (ENI\Anli Serfontein) - L'islam est une composante d'une Allemagne moderne et en mutation, a déclaré Christian Wulff, président du pays, dans un discours présenté à l'occasion du 20e anniversaire de la réunification de l'Allemagne.

"Le christianisme et la judaïté appartiennent sans nul doute à l'Allemagne. C'est notre histoire judéo-chrétienne. Mais désormais, l'islam aussi fait partie de l'Allemagne", a déclaré le président aux dignitaires, parmi lesquels la chancelière Angela Merkel, rassemblés le 4 octobre à Brême, dans le nord du pays.

Avant d'être désigné président en juillet 2010, Christian Wulff avait, en tant que ministre-président de Basse-Saxe, nommé un ministre musulman au sein de son gouvernement, le premier en Allemagne.

"Quand des musulmans allemands m'écrivent pour me dire 'Vous êtes notre président', je réponds sans réserve: Oui, bien sûr que je suis votre président! Et c'est avec le même dévouement et la même conviction que je suis le président de toutes les personnes qui vivent en Allemagne", a déclaré Christian Wulff.

Le président allemand a évoqué les difficultés auxquelles doit faire face une Allemagne multiculturelle, en cette période de changements sociaux rapides à l'échelle mondiale. "Vingt ans après la réunification, nous sommes confrontés à la tâche de trouver une nouvelle solidarité pour une Allemagne intégrée dans un monde en mutation rapide", a-t-il affirmé.

Angela Merkel, pour sa part, a approuvé les propos de Christian Wulff, tout en émettant des réserves quant à la position de l'islam dans la culture allemande. La chancelière a souhaité que les musulmans vivant en Allemagne se conforment également aux "valeurs fondamentales allemandes", ajoutant qu'il n'y a pas de marge de manœuvre possible sur cette question.

Depuis quelques semaines, un vif débat fait rage en Allemagne quant à la volonté des immigrants allemands de s'intégrer et d'apprendre la langue. Un livre prétendant que les musulmans turcs ne cherchent pas à s'intégrer est devenu un best-seller.

"L'avenir appartient aux pays qui sont ouverts à la diversité culturelle, aux idées nouvelles et qui ne s'effacent pas devant le débat avec les étrangers", a indiqué Christian Wulff.

Il a également rendu hommage au rôle joué par les Eglises il y a 20 ans en ouvrant la voie à la révolution pacifique qui a conduit à la réunification. "Nos Eglises ont donné un abri à une nouvelle forme de courage: le courage d'être libre", a-t-il déclaré.

A l'automne 1989, les rassemblements de prière pour la paix grossissaient semaine après semaine, pour finir en manifestations de masse contre l'Etat est-allemand.

"L'aboutissement de l'unité allemande est avant tout une grande manifestation de solidarité", ont déclaré l'archevêque de Fribourg Robert Zollitsch, président de la Conférence épiscopale (catholique romaine) allemande et le pasteur Nikolaus Schneider, président du Conseil des Eglises évangéliques d'Allemagne (EKD), dans un communiqué commun du 1er octobre.

A peu près les deux tiers de la population allemande sont membres d'une Eglise chrétienne. Avant 1989, l'Allemagne de l'Ouest était majoritairement catholique romaine et l'Allemagne de l'Est essentiellement protestante. Aujourd'hui, on compte 25 millions de catholiques et 24 millions de protestants dans le pays.

Bien que les personnes d'origine turque représentent 2,4% de la population de l'Allemagne, les musulmans constituent 3,7% des 82 millions d'habitants du pays.

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